28/03/2013

Skin. Parce que c’était elle, parce que c’était moi

( De gauche à droite) La photographe Karine Zibaut rêvant  Cécile Cleach, fondatrice du collectif  Skin qui aide les femmes atteintes d'un cancer du sein à se reconstruire par l'art. Photo Karine Zibaut.
Se reconstruire et partager. Cécile Reboul-Cleach est aujourd’hui sereine. Fin 2008, pourtant, au sortir d’un cancer du sein dont elle est guérie, elle peine à cicatriser. « Après les traitements, la bataille est finie. Mais toi, tu comptes tes blessures et tu te sens bien seule » dit-elle. Cécile cherche une façon de transcender l’épreuve, à travers une expérience artistique. Elle écrit des textes, des poèmes. Sa rencontre avec Anne-Sophie Terakopiantz est déterminante. Ensemble, elles ont l’idée d’un collectif d’artistes dont chacun accompagne une femme ayant eu un cancer du sein, afin de mener un travail de création à deux. Pour Cécile, c’est une façon de réaliser son rêve de résilience par l’art, tout en s’ouvrant à d’autres histoires que la sienne. Laisser de côté la maladie, avancer vers la lumière. « Se recréer de la peau » dit-elle. L’association née du projet s’appellera Skin.

"De dos rien n'a changé"
photos et dessins Karine Zibaut inspirée par Cécile Cleach
De l’ombre, la lumière. Anne–Sophie lui présente alors Karine Zibaut, photographe, vidéaste, dessinatrice. Les deux femmes prennent le temps de s’apprivoiser. Cécile confie ses textes à Karine qui fait d’abord des dessins dans la marge. Des berlingots, deux traits de fusain et voilà des petits seins. Besoin de rêver, de laisser l’inspiration germer. D’être le réceptacle de l’autre. Puis vient le temps du partage. Karine filme Cécile et prend ses premières photos, improvisées, spontanées. Deux ans durant, le duo échange et crée. Karine capte les doutes, les rires, le corps qui se dévoile : « De dos rien n’a changé m’a dit Cécile au tout début. Ce fut mon fil conducteur ». Une œuvre naît. Peu à peu, Cécile dépose sa douleur et se « refait de la peau ». La joie est là. Tangible. Partagée aussi, avec Karine et les autres binômes créatifs de Skin. Plasticiens, photographes, illustrateurs, stylistes… et femmes guéries -  ou pas - de leur cancer redessinent ensemble les contours de la vie.  Investie à 100% dans sa nouvelle mission, Cécile a trouvé son chemin vers l’avenir. C’est Skin.
Contacter Skin. email : collectif.skin@gmail.com ; page Facebook Skin Spirit

21/03/2013

Patrick Roger. C’est de l’art ou du chocolat ?

Les chimpanzés en chocolat en vitrine du 3, place de la Madeleine (Paris 8e)

La question frôlerait le mauvais goût, si elle n’était justifiée.  Car les confiseries de Patrick Roger sont aussi belles que délicieuses. Non content de faire les meilleures orangettes du monde (ses oranges viennent de Corse), cet esthète a élevé le chocolat au rang de grand art. Il en sculpte la matière avec une virtuosité à peine croyable et se sert de ses esquisses chocolatées – dont certaines pèsent tout de même 80 kilos – comme de modèles qu’il reproduit ensuite en bronze ou en aluminium. Puis, il expose ces pièces dans la galerie attenante à son atelier de Sceaux ou dans sa nouvelle boutique de 60 m2, installée depuis novembre 2012 en face de la Madeleine.

En attendant que les cloches passent. Etonnant pour le gourmet non averti, cette lubie créative est une corde supplémentaire à l’arc en or massif d’un chocolatier dont les oeuvres premières, faites de fèves de cacao, enivrent les papilles de leurs parfums et saveurs inédits. La chocolamaniaque que je suis a littéralement fondu de plaisir en dégustant les œufs surprises de sa collection de Pâques. Des œufs classiques, à première vue, qu’il vous faudra écailler avant de les déguster. En fait de surprise, je parlerais alors plutôt d’extase, tant le praliné enrobé de chocolat noir est exceptionnel. Vous avez dit gourmande ? Et bien goûtez maintenant !  
- Plus d'infos : www.patrickroger.com



Chapeau ! a la page 

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14/03/2013

Derniers jours. Art brut + lieu éphémère = anti expo

The Museum of everything expose des artistes autodidactes. Photo : Nicolas Krief
J’ai une réelle inclination pour l’art brut. Cet art intuitif réalisé par des autodidactes qui créent comme ils respirent, sans souci de cote ni de technique, pour s’exprimer, expulser leurs angoisses ou leurs névroses. D’où ma joie en découvrant la collection pléthorique de The Museum of everything, association anglaise qui promeut ce type d’artistes « all over the world ». Pour l’heure présentée boulevard Raspail par Chalet Society - le projet artistique de Marc-Olivier Wahler, ex directeur du Palais de Tokyo -, l’expo regroupe cinq cents œuvres internationales sur les 1000 m2 d’une ancienne école promise à la destruction.

Oeuvres de Calvin Black. Photo : Nicolas Krief
Libre expression. Le lieu destroy (et superbe), l’installation alternative – les artistes sont présentés en anglais ou en français, selon l’humeur du traducteur, sans doute (?) – et la muséographie fantaisiste sont à l’image d’un art sans loi. Mais pas sans foi : nombre de créateurs sont ici des mystiques. Au fur et à mesure de la visite, un peu oppressante de prime abord, le charme se met à agir. Un charme dérangeant, parfois, comme les dessins d’Henry Darger qui furent soustraits aux regards du public du vivant de cet homme victime de maltraitance dans son enfance. A voir aussi : les poupées et totems de Calvin et Ruby Black et les toiles de l’artiste chinoise Guo Fengyi. Mais ne tardez-pas trop, l’expo quitte Paname dans quinze jours !

- The Museum of everything -  14 boulevard Raspail Paris 7e. Jusqu’au 31 mars. www.museumofeverything.com

07/03/2013

Baptiste, médecin et blogueur. Sous le masque, la plume

Baptiste, auteur anonyme de Alors voilà, un blog à rugir de plaisir.

Baptiste, 27 ans, est interne à l’hôpital d’Auch (Gers) et auteur de Alors voilà, le journal des étudiants en médecine qui suscite un engouement sans pareil sur la toile. Créé le 26 novembre dernier, ce blog est né de l’envie de témoigner d’un littéraire dans l’âme. « Ayant constaté à quel point les soignants sont mal perçus du grand public, j’ai voulu restaurer la communication entre eux. Et montrer que nous ne sommes pas de marbre » explique t-il. Alors voilà c’est des histoires de souffrance, d’empathie, de lien entre les hommes et femmes qui soignent et les hommes et femmes qui sont soignés. Les posts, rédigés avec un humour au scalpel, tranchant certes mais jamais cynique, relatent le quotidien des professionnels de santé. Celui de Baptiste et de ses consoeurs et confrères, dont il est la plume : médecins, étudiants ou en exercice, infirmiers et soignants au sens large. Un concentré d'humanité.

Ces chroniques parfois saignantes sont aussi d’un comique irrésistible. « Je suis une sorte de clown triste. L’humour me permet de tenir les situations à distance, mais dissimule beaucoup de réflexion » note Baptiste. Avec une délicatesse extrême, ce « griot qui soigne » couche ses expériences et celles des autres sur la toile. Il entreprend ainsi un travail de réconciliation. Et nous permet de mieux comprendre ce qui se cache dans le cœur de ceux qui prennent soin de nos petits bobos et nos grandes douleurs, sans se départir de leur devoir de réserve. Tous les deux jours, à peu près, Baptiste dédramatise le toucher rectal qui laisse la vieille dame humiliée aux larmes, pleure la mort du petit épileptique que le médecin n’a pu sauver, dit sa solidarité pour les détenus, SDF et autres déshérités, qui à l’hôpital redeviennent des hommes aussi importants que les pontes du Cac 40. A le lire, on rit, on s'émeut, on se prend une grande claque… sur les fesses : les médecins, ça ne s’embarrasse pas de manières. En trois mois, le blog a déjà reçu près de 650 000 visites, sans compter les vôtres, et Baptiste s'est vu proposer de prolonger l’aventure par un livre. Son premier rêve d’enfant ainsi réalisé - « je voulais écrire un bouquin »  dit-il -, il lui reste celui d’ouvrir un hôpital à Pondichéry, en Inde. Baptiste, je croise les doigts !

- Cliquez pour découvrir et dévorer Alors voilà, le journal des étudiants en médecine.