27/06/2013

Kiss & Cry. Danser la vie, les amours passées

Au théâtre du Rond-Point, l'infiniment petit nous procure de grandes émotions. Photo Marteen Vaden Abeele.

« Où vont les gens lorsqu’ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ? ». Seule sur le quai d’une gare, la femme entre deux âges s’interroge.

Décollage immédiat. Happée par la magie du décor et l’illusion de l’image projetée sur écran géant, j’en oublierais presque que cette femme est en réalité une figurine minuscule et la gare une maison de poupées, filmée en Contre-plongée par une caméra actionnée sous mes yeux et ceux de centaines d'autres spectateurs. Kiss & Cry est un spectacle unique mixant allégrement cinéma, texte, bidouillages de génie et chorégraphies où les danseurs sont... des mains. Un miracle de créativité. Cette création collective est née d'une idée originale (très) de la chorégraphe Michèle Anne de Mey et Jaco Van Dormael, réalisateur de Toto Le Héros et Le Huitième Jour, notamment. Quand il s’agit de se lâcher, les Belges sont vraiment les meilleurs !

Pas de deux... mains. Photo : Marteen Vaden Abeele.
Machine à remonter l’oubli. A la recherche des hommes de sa vie, la femme plonge au fond de sa mémoire et en extirpe des souvenirs comme enfouis sous le sable. Sur scène, les mains dansent les amours passées. Elles s’apprivoisent, s’enlacent, s’érotisent. Et racontent les premiers émois, les amours qui n’en valent pas la peine, celles qui brûlent encore le cœur… Emouvantes, sensuelles et parfois très drôles, ces danses abstraites comme l’est un tableau de Picasso, touchent notre imaginaire, notre ressenti. Elles nous offrent un moment de grâce qui frôle la perfection.
Debout, longtemps, les spectateurs de la grande salle du Rond-Point remplie à craquer ont applaudi. Il vous reste dix jours pour en faire autant.

- Kiss & Cry, NanoDansesThéâtre du Rond-Point, Paris 8e. Du 19 juin au 7 juillet à 20h30.

20/06/2013

Italie. Dolce-vita sur l'île d'Ischia

(De gauche à droite) : San Angelo ; le jardin botanique de La Mortella ;  l'église Santa Maria del Soccorso à Forio.

Lieu de villégiature chéri par les Napolitains, Ischia est peu connue des Français. Et pourtant. Cette île au relief volcanique – Le mont Arso, aujourd’hui en sommeil, piqua une colère éruptive au XIVe siècle -  est un merveilleux endroit où se relaxer avant de plonger dans le stupre et l’agitation de Naples.

Séjourner. A l’ouest de l'île, Forio est un point de chute idéal. Animée et populaire, la petite ville est moins bien desservie par les ferries venant de Naples (à 1/2h) qu’Ischia Porto et de fait moins touristique. Dans son jus, le petit hôtel Umberto A Mare, tenu par deux frères qui parlent anglais et français comme moi chinois, est un coup de cœur absolu. Il semble blotti contre la ravissante église Santa Maria del Soccorso, sur une esplanade réservée aux piétons. A proximité, la place centrale du haut village est idéale pour siroter un Spritz : un apéritif à base de bitter italien,  de Prosecco et d'eau pétillante.

Flâner. Rien de tel que de louer un scooter pour partir à "l’Aventurra". Les réfractaires aux deux roues emprunteront les bus CS et CD qui font le tour de l’île. Pratique. Passez une demie-journée à San Angelo pour son petit port, ses boutiques et sa plage de sable dei Maronti, accessible en bateau. Puis rendez-vous au village de Fontana pour gravir le mont Epomeo (788m).  Un poil ardue mais courte (2h aller-retour), la randonnée vous récompense à son point culminant par une vue à 360° sur Ischia.

Visiter. La luxuriante Ischia recèle des trésors de jardins botaniques. Les amoureux des belles plantes (végétales) ne rateront pas celui de La Mortella, créé par un paysagiste anglais. Ca fleurit,  foisonne, pollinise et bourgeonne à gogo. Un fourbis maîtrisé comme je les aime. A Ischia Ponte, découvrez aussi le Castello Aragonese, une forteresse construite en haut d’un piton rocheux par Alphonse d’Aragon. Et pour méditer sur la vanité de la vie, visitez-y la salle du couvent des clarisses où les sœurs décédées étaient assises sur des chaises en pierre, jusqu’à décomposition totale de leur cadavre… Vous avez dit morbide ?
- A découvrir aussi. Les thermes qui participent à la renommée d'Ischia (mais je n'ai pas testé). Et pour les bons plans restos de Forio, rendez-vous sur la page facebook de Chapeau !

13/06/2013

Beauté. Detaille, un parfum de belle époque

A chaque femme suffit sa peine. Celle de la Comtesse de Presle qui conduisait crânement une des premières décapotables au début du XXe siècle, fut de voir sa peau se déshydrater sous l’effet du grand air et de la pollution. La belle aristocrate fit alors appel à un ami chimiste, répondant au doux nom de Marcellin Berthelot, pour lui concocter un Baume automobile aux vertus protectrices. Ce fluide hydratant fait encore la renommée de la marque Detaille qu’elle fonda en 1905, après avoir vendu ses produits dans son salon mondain du 9e arrondissement parisien.


So french, so chic. Jolie boutique aux boiseries et sol pavé d’époque, au cœur du quartier Notre–Dame-de-Lorette, la maison Detaille vaut bien une visite ! Il flotte ici un air de nostalgie remis au goût du jour. Flacons et emballages élégants y mettent en valeur les Préparations de beauté de la Comtesse. Préparations que prolongent aujourd’hui une ligne d’huiles essentielles, des eaux de toilette féminines ou masculines - mention spéciale pour le très singulier Yachting pour homme – et des  bougies, aux senteurs fraîches et naturelles. Last but not the least, les poudres libres de riz, présentées dans de délicats poudriers, m’ont littéralement fait craquer. A vous de choisir parmi les quatorze teintes celle qui accrochera le mieux la lumière.


- Boutique Detaille. 10, rue saint-Lazare, Paris 9e. e shop. www.detaille.com

06/06/2013

Coco Perdu. Une histoire simple, au Lucernaire

Gilles Kneusé exprime un sentiment de solitude présent en chacun de nous. Crédit : coco perdu diffusion

Le propos. Un homme accompagne sa femme à la gare. Elle prend le train pour Paris. Mais reviendra t-elle ? De retour chez lui, le doute ronge le pauvre type. Car enfin, pourquoi a t-elle tenu à poster elle-même une lettre avant de partir, plutôt que de la lui confier ? Peu à peu, l’abandon se fait évidence. Et les contours d’une vie remplie d’isolement et de vexations ordinaires prennent forme.

Dans la dentelle. Coco perdu est le dernier roman paru du vivant de Louis Guilloux, l’auteur de Le sang noir, mort en 1980. Le récit aux accents céliniens de ce "Monsieur tout le monde" a séduit le comédien Gilles Kneusé. Il l'a adapté au théâtre, l’a mis en scène avec Thierry Lavat et en est l’interprète. Son Coco perdu à lui vit l’histoire simple de ces hommes que méprisent leurs semblables. Un homme résigné qui ne sait pas gueuler. Acteur habité, sensible, Gilles dit le quotidien, la solitude, comme on se parle à soi-même, à un interlocuteur imaginaire ou bien à un inconnu, rencontré par hasard. Cet inconnu, anonyme, c’est le public. Vous, moi. Et la portée universelle des " mots du silence" de Louis Guilloux, du "dire" de Gilles Kneusé nous cueille. Mine de rien. A coups d’égratignures, légères comme l’est le magot de Fafa, l’épouse absente à jamais.
Coco perdu est une pièce toute en finesse, interprétée à la perfection par un de ces comédiens qui respire son rôle. Une pièce que je n’oublierai pas, à voir au Lucernaire, dans la petite salle intimiste du Paradis.

Coco Perdu avec Gilles Kneusé. Du mardi au samedi à 21h jusqu’au 31 août, au théâtre du Lucernaire (Paris 6e). Infos : www.lucernaire.fr