28/11/2013

Culte. Les aventuriers de la cité Z au théâtre

Une comédie d'aventures pleine de suspens. Photo Elodie Ravaux

C’est un joyeux mélange d’Indiana Jones à la sauce Nuls qui reprend sur scène les codes du film d’aventures, dans un décor de BD façon Tintin. Avec, dans un des rôles principaux, un Cyril Gourbet qui ressemble furieusement à 0SS 117. Vous vous y perdez ? Aucune importance. L’essentiel c’est d’en rire. Et je vous promets qu’à moins d’être sourds, vous devriez dérouiller vos zygomatiques en allant voir cette comédie déjantée, créée par la Nad Compagnie au off d'Avignon.

Les chevauchées fantastiques en prime.
 Photo Elodie Ravaux
Feydeau, les doigts dans la prise. Il nous est ici narré le récit de l’explorateur Percival Harrison Fawcett qui disparut au fin fond de l’Amazonie en 1925, alors qu’il était en quête de l’Eldorado. Dix ans plus tard, sa fille Joan, une Brit’ excentrique, part à sa recherche avec Jean Beauregard, aventurier français fantoche mais authentiquement obsédé. S’en suivent des courses poursuites mimées avec un sens du burlesque notables par des acteurs qui maîtrisent tout autant le langage du corps que le jeu. Et bien des rencontres improbables avec un SS à l’accent approximatif, un mexicain répondant au doux nom de Pepito, une écossaise sexagénaire nymphomane ou des cannibales adeptes du Gnangnam style…

Le second degré en plus. Quelque farfelu que soit le scénario, on n’en lâche pas le fil. Il s’agit bien d’une histoire à rebondissements et pas d’une suite de sketches, prétextes aux gags. Le public ne s’y trompe pas. Du plus jeune – mieux vaut néanmoins avoir 10-12 ans pour suivre – au plus âgé, le fou rire se propage. Il faut reconnaître que peu de troupes parviennent à aller si loin dans la démesure et à se foutre des convenances avec un tel naturel. Rafraîchissant.

-  Les Aventuriers de la Cité Z –  En collaboration artistique avec Alain Sachs, texte Frédéric Bui Duy Minh, Cyril Gourbet, Aymeric de Nadaillac (à la mise en scène également)  – A partir du 3 octobre – Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins Paris 8e. Tél. 01 42 65 90 00. www.theatredesmathurins.com

14/11/2013

Escapade. Un autre regard sur Washington

Tant qu’à voyager sur la côte est des Etats-Unis, j’aurais préféré New-York à Washington. Mais l’occasion faisant, c’est dans le nid de Barack et Michelle que je suis allée trainer mes basques. Et la surprise fut excellente ! Trois raisons de ne pas négliger les charmes d’une capitale aux airs de jolie provinciale.
Musée de l'Air et de l'Espace aux abords du National Mall.

Pour ses monuments et musées. A côté des incontournables (Maison Blanche,  Capitole, bibliothèque du congrès,  maison de Lincoln,  National Air and Space Museum etc.) ne manquez pas le petit musée des Arts africains pour sa collection permanente et ses expos décoiffantes ni le  jardin des sculptures du musée Hirshhorn. Une promenade ressourçante au milieu des œuvres de Rodin, Calder ou Matisse.


Les riches maisons du quartier des Ambassades.
Pour ses quartiers. Hormis  Georgetown – aux airs de Notting Hill – et le coin latinos d’Adams Morgan, le quartier des ambassades (métro Dupont Circle) mérite un détour pour ses maisons néo-classiques qui abritent parfois de jolis musées, dont celui du textile. Le joyau en étant la Philipps Collection. Créée en 1920 par Duncan Philipps dans sa maison familiale au style georgien, la fondation présente notamment le très célèbre déjeuner des canotiers d’Auguste Renoir ainsi que des toiles de Cézanne, Degas, Picasso, Gauguin, Klee, Van Gogh et j’en passe. La sélection du mécène dévoile les facettes moins connues de certains artistes et s’ingénie à créer des ambiances propices à la contemplation. Une pièce dédiée à Mark Rotkho expose ainsi une œuvre du maître sur chacun de ses murs. S’en dégagent des vibrations quasi mystiques.




Pour ses espaces verts. Des pelouses bordées de musées du Mall, au Rock Creek Park, sans oublier les rives du Potomac, idéales pour une balade à vélo, les échappées belles ne manquent pas. A Washington, on respire !

Compétition d'aviron sur le Potomac.

07/11/2013

Artistes en résonance. Un passé plus que présent

A l’occasion des Rencontres photographiques du 10e, Claire Deblac et Tanguy de Montesson ont fait expo commune, sur le thème du passé familial. Tantôt tendre, tantôt caustique, leur regard est infiniment percutant. Témoignages.


Claire Deblac et la maison hantée 


Portraits aux mêmes âges de Monique et sa petite fille Juliette, dans la maison de l'Yonne.
 Photo Claire Deblac 
"J’ai shooté la série Maison au passé en 2012, alors que j'étais seule dans la demeure de ma belle-famille vidée de ses meubles, quelques jours avant sa vente définitive. Je voulais immortaliser ces pièces imprégnées de souvenirs. Et pour ce faire, j’ai projeté ou incrusté sur les murs - devenus l’album géant d’une vie de famille - les photos des trois générations qui s’y étaient succédées".

Paradis perdu. "Il y a évidemment beaucoup de nostalgie dans cet adieu en forme d’hommage. Un an plus tard, j’éprouve toujours une sensation de perte. Je rêve de cette maison où mes enfants, mon mari, sa famille et moi avons passé tant de bons moments. Mais c’est aussi une façon de tourner la page. Sans rien oublier".

Bio express. Née en 1966, Claire Deblac fut élève du photographe Carlo Werner. Son travail traite de la représentation de l’imaginaire dans le réel,  de la couleur et la lumière dans les jeux de reflets et de transparence. www.clairedeblac.com




Tanguy de Montesson et les tribulations d’une chaise Louis XVI 


Témérité ou  la grandeur dérisoire d'un vestige du passé menacé de chute.
 Photo Tanguy de Montesson 


"La chaise de mes Tribulations fut avec onze de ses soeurs et une table les seuls objets qu'a rapportés mon père du château de ses ancêtres, lorsque celui-ci fut vendu. Depuis, elle trône dans notre maison de vacances, en Normandie. J’en ai fait le personnage  principal d’une fiction qui se déroule essentiellement sur les plages du débarquement".

Histoire d’en rire. "Ces photos sont une sorte de pied de nez aux grandes familles dont le passé s’effiloche peu à peu. Sans rejeter mon éducation, je me sens aussi parfois le cul entre deux chaises. Dans Témérité, mon cliché préféré, la chaise c’est un peu moi. Elle a déjà grimpé quelques marches de l’existence mais court un certain « risque de chutes », comme l'indique la pancarte".

Bio express. Né en 1970, Tanguy de Montesson a monté l’atelier 36, espace collaboratif de création. Inspiré par les espaces urbains et l’architecture ainsi que les portraits, le photographe travaille en numérique comme en argentique. www.tanguydemontesson.com