12/12/2013

L'Aparté. Rendez-vous au jardin imaginaire

Les fleurs et plantes en papier de l'Aparté composent des décorations florales raffinées.

C’est au hasard d’une après-expo à la BnF Richelieu – très belle exposition des photos de marginaux d’Anders Petersen, cela dit en passant – que je suis allée flâner dans la galerie Vivienne, un de mes passages parisiens préférés. J’y ai déniché un joyau de boutique. Une adresse singulière que vous ne trouverez pas à chaque coin de rue, créée voici sept ans par deux architectes d’intérieur, amoureux de l’Asie.

De 1, 5 € la fleur miniature à 35-45 € l'unité,
 il y en a ici pour tous les budgets.
Rêveries végétales. L'Aparté, dont le nom évoque un secret délivré aux seuls initiés, est un lieu où les fleurs en papier déploient leurs pétales, à moins que ce ne soit des ailes, dans des bouquets et des guirlandes lumineuses, tout droit sorties d’un pays des merveilles. Un pays de contes, où les mamans ont les yeux bleus et le sourire très doux, comme l’hôtesse du lieu, Isabelle Chupin. Celle-ci dessine tous ses modèles et les fait fabriquer en Thaïlande. A la fois délicat et résistant, le papier de murier qu’elle utilise le plus souvent adopte des effets froissés, des transparences subtiles et des dentelés épurés. Parfois aussi, il se mélange aux plumes dans des créations  à l’esprit plus couture. Kenzo en raffole, paraît-il. Moi aussi.

- L'Aparté. 48, galerie Vivienne, Paris 2e. Tél. 01 42 60 05 89.

05/12/2013

Art. Domitille Ortès, une si troublante innocence

La chevelure de Bérénice. Photographie de  Domitille Ortès.

La plasticienne Domitille Ortès.
L’enfance de l’art. A peine arrivée à Paris, Domitille Ortès, jeune étudiante, emprunte la voie royale des Beaux-Arts pour devenir peintre. Sa vocation, une évidence. Ses premiers dessins sont expressionnistes. Elle se cherche. Sans doute son beau front pâle, calme, dissimule t-il bien des tempêtes. Du dessin, elle passe à la peinture et, des années plus tard, à la photographie. Pour elle, c’est une façon de fixer l’instant, avant de prendre le temps de peindre, une gestation qu’elle aime faire durer. Elle fait d’abord poser des couples qui évoquent l’enfermement, la possession. Puis, en 2010, sa fille Symphorose, à peine adolescente, devient le modèle de ses clichés. Il se passe quelque chose en l’artiste. Un déclic. « Les choses se sont mises à venir, presque malgré moi » dit-elle. Elle expose ses photos et peintures quelques temps dans une galerie parisienne. Puis, en 2012, celle qui se veut plasticienne « Je me sentais à l’étroit dans un seul univers » rompt ses entraves. Qu’importe le médium, pourvu qu’elle ait l’ivresse de la création ! Elle explore toutes les voies artistiques : dessin, peinture, photo, vidéo, photo-sculpture... Une dernière discipline qui lui permet de mettre ses images en espace, pour exprimer l’enfermement en les plaçant dans une boîte ou le morcellement par des jeux de miroirs.

En boîte. Dimension variable. Photo-sculpture Domitille Ortès.

La mariée. Acrylique sur toile/ 180 x 130 cm
Domitille Ortès (2011).

Magnétique. Quête identitaire, quête de la féminité, passage d’un âge à l’autre, de l’enfant à la femme,  d’un état à l’autre, du doute à la plénitude … Ses thématiques sont propres à l’adolescence et aux périodes charnières de l’existence. Elles évoquent souvent la sexualité, le désir (ou le refus) de maternité, l’étouffement, figuré ou bien réel, sous des sacs plastiques. Ses images, parfois violentes, résonnent en celles et ceux qui, comme moi, y trouvent un écho intérieur. Aux salons Fotofever de Bruxelles et Paris, où la web-galerie Little Birds exposait son travail cet automne, des attroupements se sont ainsi créés autour des cimaises dédiées à la jeune femme. « Les gens disent que je leur donne le frisson ». Un frisson délicieux. Car, en dépit du questionnement sous-jacent, les œuvres de Domitille Ortès dégagent aussi une infinie douceur. http://domitilleortes.weebly.com