31/07/2014

Théâtre. Les Elans ne sont pas toujours des animaux faciles

Autant vous le dire, ce qui m’a attiré de prime abord, c’est le nom de la pièce. Un nom bien trop long, improbable. Tout ce que j’aime. Sur scène, ces trois animaux-là – Pascal Neyron, Emmanuel Quatra et Benoît Urbain – se livrent à une joute verbale et musicale qui, en effet, ne cède rien à la facilité. Les phrases fusent, ricochent les unes contre les autres, les dialogues s’emmêlent les pinceaux. A la façon d’un Dubillard qui manierait l’absurde avec l’autodérision d’un Devos. L’un des anti-héros veut confier son arc en ciel pendant les vacances, l’autre a suffisamment à faire avec le bout de mousson qui détrempe son jardin et le troisième se souvient de sa déconvenue lorsqu’il enlaça un proto-type, moitié femme côté face et moitié homme côté dos...

Musicalité. Les textes de Frédéric Rose et Vincent Jaspard sont un prétexte à la musique live (à moins que ce ne soit le contraire) et aux chansons de Trenet, Gershwin, Eddy Cochran ou Nougaro. Entrainant, drôle et légèrement grisant comme ces cocktails qu’on aimerait partager sur scène avec les artistes, tant ils sont sympathiques, Les élans etc. sont programmés tout l’été au Lucernaire. Ça vaudrait presque le coup de ne pas partir en vacances. Quoique.



- Les Elans ne sont pas toujours des animaux faciles, adaptation et mise en scène de Laurent Serrano. 
21h30, du mardi au samedi jusqu’au 13 septembre - théâtre du Lucernaire Paris, 6e. www.lucernaire.fr

24/07/2014

Cinéma. Sur les ailes de Bird People

Quand Anaïs rêve... Photographie Archipel 35

Il est des films – sans doute en avez-vous fait l’expérience – dont on ressort un peu sonné. Avec l’impression de marcher sans tout à fait toucher le sol. Bird People de Pascale Ferran - réalisatrice de Lady Chatterley - est de ceux-là. Succès d’estime depuis sa sortie (le 4 juin) il persiste à s’accrocher à l’affiche de quelques salles d’art et d’essai, sans doute plus pour longtemps. Courez le voir !
En parler sans dévoiler la touche de magie qui en fait le sel n’est pas chose facile. Peut-être suffit-il toutefois d’évoquer le regard et le jeu tout en finesse d’Anaïs Demoustier, étudiante paumée devenue femme de chambre dans un hôtel international près de Roissy ou l’angoisse palpable d’un Josh Charles, plus que parfait en homme d’affaires embarqué dans une vie qu’il vomit.
Film inventif, poétique, sur la liberté de choisir son destin et de prendre son envol à quelque âge que ce soit, Bird People trouvera un écho chez celles et ceux qui savent rêver les yeux ouverts. Ses failles et ses moments qui planent ne plairont pas, en revanche, aux esprits chagrins pour qui le 7e art doit être une machine parfaitement huilée. Dommage pour eux. C’est si joli un film qui se fout des conventions.