05/12/2013

Art. Domitille Ortès, une si troublante innocence

La chevelure de Bérénice. Photographie de  Domitille Ortès.

La plasticienne Domitille Ortès.
L’enfance de l’art. A peine arrivée à Paris, Domitille Ortès, jeune étudiante, emprunte la voie royale des Beaux-Arts pour devenir peintre. Sa vocation, une évidence. Ses premiers dessins sont expressionnistes. Elle se cherche. Sans doute son beau front pâle, calme, dissimule t-il bien des tempêtes. Du dessin, elle passe à la peinture et, des années plus tard, à la photographie. Pour elle, c’est une façon de fixer l’instant, avant de prendre le temps de peindre, une gestation qu’elle aime faire durer. Elle fait d’abord poser des couples qui évoquent l’enfermement, la possession. Puis, en 2010, sa fille Symphorose, à peine adolescente, devient le modèle de ses clichés. Il se passe quelque chose en l’artiste. Un déclic. « Les choses se sont mises à venir, presque malgré moi » dit-elle. Elle expose ses photos et peintures quelques temps dans une galerie parisienne. Puis, en 2012, celle qui se veut plasticienne « Je me sentais à l’étroit dans un seul univers » rompt ses entraves. Qu’importe le médium, pourvu qu’elle ait l’ivresse de la création ! Elle explore toutes les voies artistiques : dessin, peinture, photo, vidéo, photo-sculpture... Une dernière discipline qui lui permet de mettre ses images en espace, pour exprimer l’enfermement en les plaçant dans une boîte ou le morcellement par des jeux de miroirs.

En boîte. Dimension variable. Photo-sculpture Domitille Ortès.

La mariée. Acrylique sur toile/ 180 x 130 cm
Domitille Ortès (2011).

Magnétique. Quête identitaire, quête de la féminité, passage d’un âge à l’autre, de l’enfant à la femme,  d’un état à l’autre, du doute à la plénitude … Ses thématiques sont propres à l’adolescence et aux périodes charnières de l’existence. Elles évoquent souvent la sexualité, le désir (ou le refus) de maternité, l’étouffement, figuré ou bien réel, sous des sacs plastiques. Ses images, parfois violentes, résonnent en celles et ceux qui, comme moi, y trouvent un écho intérieur. Aux salons Fotofever de Bruxelles et Paris, où la web-galerie Little Birds exposait son travail cet automne, des attroupements se sont ainsi créés autour des cimaises dédiées à la jeune femme. « Les gens disent que je leur donne le frisson ». Un frisson délicieux. Car, en dépit du questionnement sous-jacent, les œuvres de Domitille Ortès dégagent aussi une infinie douceur. http://domitilleortes.weebly.com