20/02/2014

Bistronimie. Si on allait au Parc ?


C’est un petit coin de Paname où la chaleur humaine et la bonne chère réchauffent le cœur et le corps. Un bar-restau sans prétention, au fin fond du quinzième, dont mon amoureux et moi avons franchi la porte un peu par hasard et sommes restés plus de raison. Parce qu’il y faisait bon se régaler de frites fraîches croustillantes mais pas grasses, d’un coq au vin comme j’en ai rarement mangé, d’une entrecôte tendrissime et d’un crumble pommes-poires croquignolet. L’endroit, repris voici deux mois par Juan Candelas, draine une clientèle de quartier déjà fidélisée. On comprend pourquoi.

 Juan Candelas et Thierry Jannau
(de gauche à droite)
Simple et de (très) bon goût. A 35 ans, Juan a une solide expérience de gestionnaire dans la restauration. La naissance de sa fille, l’an dernier, déclencha en lui l'envie d’être son propre patron. Un double changement de vie. Avec Thierry Jannau aux fourneaux, un amoureux des petits plats de tradition « sans chichis mais joliment cuisinés » dit-il, le jeune papa forme un tandem sympa comme tout. Chaque jour, Thierry prépare un poisson panaché de légumes "pour ses dames" qui surveillent leur ligne (tandis que les hommes assument leur bidon, sans doute) ainsi que deux ou trois plats et un dessert du jour. Tout ici est de saison et fait maison. Et ce n’est pas juste un label ! Simple, savoureuse, généreuse. La table reflète l’esprit du lieu et de ceux qui le font.

- Bar-restaurant Le Parc Vaugirard – ouvert du lundi au dimanche – 358, rue de Vaugirard, Paris 15e. Tél. 09 81 83 22 41. En semaine : formule-déjeuner à partir de 13€.


13/02/2014

Livre. Rendez-vous au pays des amours mortes


Recueil de nouvelles dont le style incisif et le souffle narratif nous plongent en apnée littéraire, Amours en fuite fut le livre coup de cœur de mon dernier été. Il était temps de vous en parler ! De Bernhard Schlink, son auteur, peut-être connaissez-vous Le Liseur, roman dans lequel un jeune garçon connaît ses premiers émois amoureux auprès d’une ancienne gardienne du camp d'Auschwitz ? Une nouvelle fois, Schlink mêle ici la petite à la grande histoire : celle d’une Allemagne que poursuit son passé.

Je t’aime, moi non plus. Trois des sept nouvelles de l’ouvrage - La petite fille au lézard, L’infidélité et La circoncision - content ainsi la destinée de jeunes Allemands qui portent encore la culpabilité de leurs ainés. La Shoah et la scission du pays en deux blocs est-ouest sont des plaies qui gangrènent jusqu’à leurs relations de couple. Pas franchement optimiste quant à la compatibilité des deux sexes, Schlink nous entraîne dans des récits, où l’espoir d’une réconciliation s’immisce tout de même parfois. Sa peinture des rapports hommes-femmes montre que le dit sexe faible est souvent plus fort qu’il n’y paraît. La gente féminine y est plus courageuse et lucide que ses compagnons.  Profondément singulier, La circoncision en est un contre-exemple. Son héros tente par tous les moyens de sauver son amour blessé.  Mais, devant l’évidence d’une impossible sérénité retrouvée avec sa fiancée New-Yorkaise et juive d’origine qui ne cesse de lui reprocher sa nationalité allemande, il finira par fuir.
L’amour passe donc et c’est bien triste. Mais la force du talent de Schlink nous accompagne longtemps après avoir refermé le livre. Merci Bernhard !
  
-  Amours en fuite de Bernhard Schlink - traduction (excellente) de Bernard Lorthoraly - a été publié en 2001 chez Gallimard puis en poche.