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Maxime d'Aboville et Xavier Laffite, serviteur
et maître. Photo Brigitte Enguerrand. |
Alors voilà, aujourd'hui c'est mon anniversaire et c'est moi qui fais le cadeau. Et pas n'importe lequel. Je vous offre un bijou, une pièce de maître que vous aurez du mal à porter à l'annulaire, mesdames, puisqu'il s'agit de théâtre.
The Servant qui fut monté sur grand écran par Joseph Losey avec l'inoubliable Dirk Bogarde dans le rôle du serviteur machiavélique est aujourd'hui adapté à la scène du théâtre de poche Montparnasse par Thierry Harcourt, d'après une traduction du texte de Robin Maugham. Et franchement, Dirk peut aller se rhabiller. J'exagère, certes, mais l'interprétation toute en retenue butée et en noirceur de Maxime d'Aboville en Barret (le valet), celles de l'affriolante Roxane Bret, sa complice, et de Xavier Lafitte en Tony (l'aristo cossard) qui passe d'une partition à l'autre avec un naturel désarmant sont du grand art. Maxime d'Aboville a d'ailleurs remporté le Molière du comédien de théâtre privé en 2015 pour son rôle. Perso, j'ai craqué plus encore pour le beau Xavier. Et n'allez pas croire que sa ressemblance avec Hugh Grant y soit pour quelque chose. Ou si peu… Sans rire, la finesse de son jeu m'a rappelé celle de Mesguich-père. Quant au récit, celui d'une manipulation où les rôles entre maître et valet s'inversent, c'est une réussite de suspens psychologique. Cette comédie aux accents british parle de choses graves - la domination jusqu'à l'anéantissement d'un être par l'autre, en l'occurrence - avec un légèreté virevoltante, sur fond de jazz des années 50. Preuve que la gravité n'est pas forcément plombante. C'est du reste sans nous en apercevoir, ou presque, que nous sommes aspirés vers l'abîme sans fond que creusent les pervers sous leurs victimes.Violences conjugales, politiques sans scrupule, petits chefs harceleurs… L'histoire est universelle et la mécanique des manipulateurs de tous poils savamment décortiquée. J'y vois au moins une morale. Allez (le plus souvent possible) au théâtre, cela vous évitera bien des déboires !
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The Servant de Robin Maugham, traduction de Laurent Sillan et mise en scène de Thierry Harcourt au théâtre de poche Montparnasse, 75 bd du Montparnasse, Paris 6. Jusqu'au 12 juillet puis
du 1e septembre au 8 novembre, du mardi au samedi à 19h et dimanche 17h30 . Tél. 01 45 44 50 21 ; www.theatredepochemontparnasse.com