24/10/2013

Expo. Jean Cocteau l’ami, l’amant, l’artiste


Affiche dessinée par Cocteau en 1934. Coll.
privée Musée des lettres et manuscrits/Paris.
Héritage. Il y a quelque chose d’absurde à célébrer le cinquantenaire du décès d’un homme à ce point vivant ! Jean Cocteau le magnifique, les miroirs d’un poète offre, de fait, une illustration saisissante de l’empreinte teintée d’éternité laissée par Cocteau. Et puisque d’illustration il s’agit, sachez que l'expo donne notamment à voir ses dessins originaux des manuscrits de La Belle et la Bête (l'adaptation),  La Machine infernale ou Le journal d’une désintoxication.

Il est interdit d’interdire. Cocteau, c’est d'abord un créateur aux talents multiples. Pour lui, il n’est pas d'art mineur. Après le dessin, la poésie, le roman, le théâtre, il fut le premier écrivain français à devenir cinéaste. Voir ou revoir La Belle et la Bête, en plus du scénario annoté, des photos du tournage et de l’affiche est un pur moment d'émotion. Mais ce n'est pas un hasard si le Musée des manuscrits s'est intéressé au poète. Car Cocteau, c’est aussi une écriture dont les déliés expriment, autant que les mots, la sensibilité de l'artiste. Artiste qui aima sans se soucier du genre. Ses lettres retracent l’amitié qui l’unit à Radiguet – compagnon d’écriture de jeunesse – ou  Edith Piaf et ses amours avec la princesse Nathalie Paley ou Jean Marais, l'amant mythique. Leur correspondance, alors que l’acteur était au front en 39-40, reflète à merveille la personnalité d’un homme qui vécut son art comme sa vie. En toute liberté.

- Jean Cocteau le magnifique, les miroirs d’un poète. Jusqu’au 23 février 2014 au Musée des lettres et manuscrits, Paris 7e. Net. www.museedeslettres.fr

17/10/2013

Collector. Martin Parr, premiers clichés en noir et blanc

En 1975, il a 23 ans. Et déjà ce regard plein de dérision et d’humanisme qui décale le quotidien de M. et Mme Tout le monde ou plutôt Mr and Mrs Everybody. Cinq ans durant, Martin Parr battra la campagne du Yorkshire avec sa future épouse Suzie Mitchell. Ils se documentent sur la vie de ses habitants, notamment sur les fidèles des nombreuses chapelles méthodistes et baptistes de la région. Tandis que Martin "mitraille", Suzie écrit. Martin Parr, les Non-conformistes, ouvrage paru le 16 octobre, offre une superbe sélection de photos en noir et blanc, accompagnée de quelques textes.

Sur le vif. Temps de prières - les Non-conformistes sont des croyants qui ont pris de la distance avec les cérémonies et coutumes de l’église d’Angleterre -, exploitation du charbon, chasse à la grouse, sorte de perdrix au plumage brun rougeâtre typique du nord de l’Angleterre… Les photos du jeune Parr témoignent de la vie de ces gens simples, au tempérament « dur à la tâche, frugal, autonome et grand amateur de thé et de cake » note Suzie. Un tempérament bon enfant que certains détails so british soulignent avec tendresse :  vieilles dames chapeautées s'empiffrant de pâtisseries, garde-chasse assoupi dans la bruyère, commissaire-priseur brandissant un choux, lors d’une vente aux enchères… Il y a du Depardon dans ce Martin Parr-là. Réjouissant.

- Les Non-conformistes – Martin Parr. Editions Textuel. 35 € 

10/10/2013

Théâtre. Zelda et Scott les magnifiques

Julien Boisselier et Sara Giraudeau interprètent
le couple mythique des Fitzgerald. Photo Lot.
Qu’arrive t-il lorsqu’un écrivain rencontre la femme rêvée, héroïne de ses romans ? Une sorte de Rose Pourpre du Caire où, plutôt que de traverser l’écran, la muse plonge dans la vie du grand homme et devient la chair de son oeuvre, le sang dans lequel il trempe sa plume. Quitte à la vampiriser.

Beaux à pleurer. Zelda et Scott, pièce écrite et mise en scène par Renaud Meyer, donne à voir la vie de Francis Scott Fitzgerald et Zelda Sayre, jeune fêlée d’Alabama à l’excentricité ravageuse. Une histoire d’amour à la folie – Zelda mourut schizophrène - magnifiquement interprétée par une Zelda-Sara Giraudeau danseuse, chanteuse et athlète de la scène dont l’énergie vibrionnante explose littéralement et un Scott-Julien Boisselier en dandy biberonné au gin, tout aussi talentueux. Une histoire de jalousie et de manipulation aussi. Manipulation des Fitzgerald entre eux et entre Scott et Ernest Hemingway (joué par Jean-Paul Bordes) qui s’employa à détourner l’auteur de Gatsby de son épouse. Y parvint-il ? C’est ce que je vous invite à découvrir en allant voir mon coup de cœur théâtre de la rentrée. Et si d’aucuns parlent de bulles de champagne pour évoquer cette pièce - légère dans la forme comme le furent les années 20, dévorées par l’urgence de goûter à tous les plaisirs -, j’y vois une plage du sud-est asiatique saturée de soleil. Quelques instants à peine avant qu’un tsunami n’emporte tout.

- Zelda et Scott, Théâtre de la Bruyère, Paris 9e. Infos. www.theatrelabruyere.com


Et aussi

Mention spéciale pour le Manhattan Jazz Band (trompette, contrebasse et batterie) qui accompagne ce spectacle, à la mise en scène et aux décors aussi séduisants que les acteurs.  

03/10/2013

Mode. L’Art du Basic, raffinement et simplicité


Intemporel. A côté du modèle « so hype » qu’on adore une saison avant de l’abhorrer, on a toutes une chemise bien coupée qu’on porte encore avec plaisir, dix ans après l’avoir achetée. Avec L’Art du Basic, jolie marque qui a ouvert sa deuxième boutique dans le 7e arrondissement parisien en juin 2013, on remplit ses placards de la collection toute entière. Sans crainte de se lasser. Tops stylés, petites robes noires impeccables, pantalons fluides et vestes défient les modes. Et les styles. L’ado, sa grand-mère, la bourgeoise ou la fashionista, toutes  y dénichent leur bonheur. A des prix accessibles, qui plus est (70 € environ le top et 100 € la robe).
French touch. Polyesters d’excellente facture utilisés par les marques de luxe, couleurs subtiles - noir, blanc, écru, beige, marine ou prune -, l’esprit est à la sobriété. Mais une sobriété pas coincée, qui ne nuit en rien à notre sex-appeal. Et nous confère cette élégance très « femme française » (à prononcer avec l’accent) que fantasment les étrangers.
Alors moi, j’enfile mon petit haut col cheminée, un slim noir et des escarpins hauts perchés et je m’la pète. Mais avec classe…

- L’Art  du Basic, les boutiques : 78, rue Vieille du temple Paris 3 ; 95, rue du Bac Paris 7. Et aux galeries Lafayette de Paris, Lille, Annecy et Angers. Infos et e-shop :  www.lartdubasic.com