Golshifteh Farahani et Korkmaz Arslan, les deux héros de My sweet pepper land. |
Le corps de l’homme balance au bout d’une corde. Mais ses bourreaux ont du s'y reprendre à deux fois avant de parvenir à le pendre. Dès la première scène, My sweet pepper land oscille entre l'absolue tragédie et le comique le plus absurde. Son réalisateur Hiner Saleem se plaît à rappeler : « On dit que Dieu a créé dix Kurdes et le onzième pour les faire rire ».
Tragi-comédie. Histoire d’amour entre Govendt, jeune insoumise qui brave le machisme de sa fratrie pour partir enseigner à la frontière de l’Iran et de la Turquie, et Baran, ancien combattant chargé de faire respecter la loi dans ce "Far-East" inhospitalier, le film pourrait n’être qu’une bluette. C’est compter sans la grâce des acteurs principaux - Golshifteh Farahani et Korkmaz Arslan - et l’écriture ciselée d’Hiner Saleeem. Un réalisateur engagé, sous ses airs (faussement) dégagés. Il admire la force de caractère des femmes au Moyen-Orient, soutient leur combat vers l’émancipation et dénonce la corruption de ces états où les trafics prolifèrent. Tourné en décors naturels, pour l’essentiel au Kurdistan, My sweet peperland alterne bains de sang et scènes d’une tendresse touchante. Baran écoute Elvis Presley à fond dans sa guimbarde pourrie, Govendt joue du Hang, un instrument à percussions aux sonorités mystiques… Tels des héros d’un western décalé, ces deux-là s’aiment envers et contre tous. Et déjouent l’adversité et les « saigneurs » locaux, avec une chance insolente. Alors certes, on est loin de la vraie vie, à part peut-être pour les tombereaux de pluie qui ne donnent pas très envie de passer ses vacances au Kurdistan. Mais ce serait bête de rater un film aussi réjouissant !