05/02/2015

Théâtre. Chroniques du temps qui passe de François Morel

François Morel ou la mélancolie joyeuse. Photo Manuelle Toussaint.
Il entre en scène, seul en apparence. En apparence seulement, car avec lui entre son double : ce petit garçon imaginaire qu’il restera à jamais. Un enfant tendre, espiègle, qui fait exister une galerie de personnages un peu paumés, envoie sa balle dans le public, se travestit en fan de Sheila ou se rêve en Léon Zitrone surexcité commentant, non pas un tiercé, mais la naissance de Jésus à Bethléem. Et François Morel de pester contre l’haleine fétide du bœuf et l’hygiène approximative d’une crèche où cohabitent hommes, âne et… même un cochon. Tiens-donc, qu'est-ce qu'il fait ici, celui-là ?

La fin du monde est pour Dimanche. Sous prétexte d’un spectacle, un peu bricolé parfois, mais joliment, réécrit à partir de ses chroniques du vendredi pour France Inter, (celle du 9 janvier, deux jours après l’attentat contre Charlie, me valut un des moments d’émotion les plus intenses de la semaine) François Morel nous emmène dans son monde de finesse. Très loin des brutes. Un univers où il cultive le plaisir d'être un peu triste. Univers où l’insolite, les coïncidences deviennent la norme. Dans le métro me conduisant au théâtre du Rond-Point ce soir-là, d'ailleurs, je lisais un poche de Modiano... Si vous ne voyez pas le rapport avec la choucroute, allez voir La fin du monde est pour Dimanche. Une parenthèse enchantée en ce début d’année lugubre.

-  La fin du monde est pour Dimanche de et avec François Morel, Jusqu'au 28 février à 21h en semaine et le Dimanche à 15h au théâtre du Rond-Point, Paris 8. Net. www.theatredurondpoint.fr