Livres. Comment équilibrer les pouvoirs entre les sexes ?

Tandis que des séismes ébranlent nos sociétés, l’harmonisation des pouvoirs entre les femmes et les hommes semble être une des clés d’un avenir apaisé. À lire absolument, Pouvoir(e)s, les nouveaux équilibres femmes-hommes offre un débat passionnant sur le sujet.

Prospective. Réalisé par le Think Tank l’observatoire des Future(s), l’ouvrage aide à se débarrasser de la glue des stéréotypes. Dirigeants(es) d’entreprises, anthropologue, psychiatre, économiste et autres représentants de la société civile y analysent le partage des pouvoirs entre les sexes. Ils scrutent à la loupe nos comportements dans les sphères privée, professionnelle et publique puis proposent des pistes vers l’équilibre. En déconnectant, à titre d'exemple, le rapport à l’autorité et la prise en charge des enfants, du fait d’en être le père ou la mère. Et dans cet objectif, on observera notamment la façon dont les couples homosexuels exercent leurs rôles parentaux.

Harmonie chérie. Pédagogique et rythmé, l’essai alterne réflexions, interviews, portraits et conversations. Surtout, il pose les bonnes questions. Ces questions ouvrent le débat et le nourrissent sans stigmatiser ni opposer les femmes aux hommes, car l’équilibre ce n’est pas la guerre. Bien au contraire. Ce serait plutôt un gage de paix et de bonne entente entre les sexes. Femme de pouvoir « peace and love », je ne sais pas vous, mais moi ça me plaît !

- Pouvoir(e) s,  les nouveaux équilibres femmes-hommes - Sophie Bramly et Armelle Carminati-Rabasse  - Editeur :  Eyrolles. 

Les jardins de Chaumont nous régalent de leurs délires

Le jardin "En vert". Photographie E.Sander

Je n’ai pas la main verte, mais de l’imagination à revendre, paraît-il. Sans doute est-ce la raison pour laquelle je raffole du festival des jardins de Chaumont-sur-Loire. Dans le cadre exceptionnel d’un château qui appartint notamment à Catherine de Médicis puis Diane de Poitiers, l’événement fête ses 20 ans. Présidé cette année par Alain Passard (chef de l’Arpège), il nous offre une trentaine de variations sur un bien joli thème : jardins des délices, jardins des délires.

"Liberté, égalité, faternité" Photo E.Sander

Frasques végétales. Le sujet a titillé l’inspiration des paysagistes, architectes et designers qui célèbrent l’épanouissement de tous les sens. Leurs jardins surprennent, font rêver ou rendent fou, tel que le bien nommé  « En vert » (envers) dont les personnages et les arbres - tête plantée dans le sol et pieds ou racines en l’air - semblent un hommage à Magritte. Dans le désordre, j’aime aussi les fleurs imaginaires au pistil démesuré de « Sans dessus dessous », les lampes magiques de « Le génie est partout », les arbres à messages et  la fontaine délicieusement parfumée par Francis Kurkdjian de  « Toi et moi, une rencontre ».  Sans oublier le rigolo « Liberté, égalité, fraternité ». Une fantaisie, bien de saison en cette période élective, qui voit la communauté des nains de jardin se révolter contre l’oppression horticole.

Quel que soit le thème et la profession de foi de l’artiste  – ladite profession de foi étant parfois tirée par les cheveux, reconnaissons-le – la visite enchante petits et grands et leur inspire des mises en scène photographiques plus ou moins farfelues. C’est un peu le spectacle dans le spectacle… Alors, à quand un festival de la photo du festival des jardins de Chaumont-sur-Loire ?

- Festival international des jardins 2012 - Domaine de Chaumont-sur-Loire – A 200 km au sud de Paris, entre Tours et Blois - Jusqu’au 21 octobre 2012. 

Ballet. Les amants de Vérone sont rendus à la vie

Photographie :  Christian Leiber

Roméo et Juliette ne peuvent pas mourir. Ils sont la vie, l’amour, le désespoir aussi, et le ballet chorégraphié et mis en scène par Sasha Waltz pour l’Opéra Bastille (reprise de la création 2007) démontre, s’il en est besoin, l’intemporalité de ce mythe shakespearien. 

L'amour à mort. Aurélie Dupont est une Juliette sensible, spontanée, presqu’enfantine au début du ballet à la mise en scène plus théâtrale que d’ordinaire. Comme murie par l’union des corps et le désespoir d’une impossible réconciliation entre les Montaigu et les Capulet, elle danse ensuite avec une maturité empreinte d'une sensualité et d’une force bouleversantes. Roméo, incarné par Hervé Moreau, autre étoile moins connue du grand public, captive tout autant par son mélange d’élégance et de puissance. Son solo, dansé dans le silence, sans musique, ouvre une brèche dans le ballet, créé sur la symphonie dramatique de Berlioz. Un moment de grâce qui revient à l’essentiel de la danse et de l’émotion.

Contemporaine sans être ultra moderne, la chorégraphie de Sasha Waltz s’attache plus, selon ses propres termes, à traduire l’humanité des personnages que le romantisme de l’histoire. C’est perceptible. Le spectacle est aussi formidablement scénographié par un décor stylisé, où une paroi s’élève pour exprimer la séparation des corps et des âmes. Projeté en direct dans les cinémas Pathé le 15 mai – une initiative récurrente de l’Opéra de Paris qui mérite d’être saluée – le Roméo et Juliette de Sasha Waltz est programmé jusqu’au 20 mai à la Bastille. Je sais, c’est court. Mais il faut savoir saisir sa chance !

- Roméo et Juliette, chorégraphie de Sasha Waltz est interprété par le Ballet de l'Opéra national de Paris. Réservations et infos :  www.operadeparis.fr

Odorantes. Mignonne, allons voir si la rose...

Emmanuel Sammartino, maquilleur adulé de la fashion planète, et Christophe Hervé sont des esthètes et des artisans fleuristes atypiques. Odorantes, leur boutique de Saint-Germain-des-Prés dédiée aux roses leur est un écrin délicieusement suranné.Véritable cabinet de curiosités tout droit sorti du XVIe siècle, le lieu mérite une visite. Ici, le règne végétal et les créations de l’homme, assemblages floraux aux airs de jardins imaginaires et meubles chinés (dont de superbes vasques Médicis en fonte), côtoient le règne animal.

Odorantes. 9,  rue Madame 75006 Paris

Un règne figé pour l’éternité, car les deux complices ont racheté sa collection d'animaux naturalisés à un ancien taxidermiste. Un amoureux des bêtes qui attendait leur mort pour les immortaliser à jamais.

L'esprit des fleurs. Cette éthique entre en résonance avec l’approche florale des créateurs d’Odorantes. Leurs roses ont été cultivées par de petits horticulteurs de la région parisienne, à qui Christophe rend visite trois fois par semaine pour sélectionner les plus belles fleurs. Ses roses n’ont pas été réfrigérées, elles n'ont pas voyagé et cela fait toute la différence. Car les roses c'est fragile, madame ! J'y avais d'ailleurs renoncé, énervée que j'étais de les voir piquer du nez à peine arrivées chez moi. Celles d'Odorantes durent plus qu'un déjeuner de soleil. Je raffole aussi de leurs parfums enivrants et leurs coloris délicats : blancs poudrés ourlés de vert tendre, vieux rose, parme, etc. A l'instar de Sidney Bechet, mes bouquets me donnent envie de fredonner : « Dans mon cœur, tu fleuriras toujours au grand jardin d’amour, petite fleur »…

  

Escapade. Havre de paix au pays des pierres dorées

Maison d'hôtes Le Clos Marzé à Lacenas (au nord-ouest de Villefranche)

Le Clos Marzé est une adresse qu’on hésite à donner, de peur qu’elle ne soit squattée le jour où l’on décide d’y couler des jours heureux avec son amoureux. Mais vous avez de la chance : je suis partageuse. Car cette chambre d’hôtes du Beaujolais des pierres dorées vaut le détour.

La maison à l’architecture atypique  - une originale fit construire un manoir d’inspiration méditerranéenne au XIXe - , le jardin luxuriant, les chambres qui ne rigolent pas avec l’espace, la mare aux nénuphars où les rainettes piquent une tête… Si je croyais en l’au-delà, c’est ainsi que je me figurerais le jardin d'éden.

La chambre de la Tour

Chaleur humaine. Les propriétaires du lieu, Chantal et Georges Grévoz, le maire du village de Lacenas, ont l’accueil aussi charmant que généreux. Le petit déjeuner pris aux beaux jours à l'ombre du noisetier et les repas ultra copieux, à base des produits du potager de Georges, du miel de ses abeilles et des œufs de ses poulettes, sont un véritable régal. Vous gardez cela pour vous, bien entendu ?

Le calvaire de Theizé

Aux environs. Surnommée la petite Toscane beaujolaise, la campagne recèle des trésors de villages dont les maisons en pierre ocre jaune s’embrasent sous les rayons du soleil. Ne ratez pas Oingt, ses galeries et son espace de musique mécanique (intéressante collection d’orgues de barbarie) ; Charnay dont le château du XVIIe abrite la mairie et Theizé avec ses ruelles escarpées et ses calvaires. Et terminez la journée en allant siroter un verre au château de Bagnols (XVè siècle), aujourd’hui transformé en hôtel 4 étoiles.

- Le Clos Marzé 69640 Lacenas - www.le-clos-marze.com -  Tél. 04 74 67 31 76 - Chambres à 130 € la nuit (pour deux).