17/05/2012

Ballet. Les amants de Vérone sont rendus à la vie

Photographie :  Christian Leiber

Roméo et Juliette ne peuvent pas mourir. Ils sont la vie, l’amour, le désespoir aussi, et le ballet chorégraphié et mis en scène par Sasha Waltz pour l’Opéra Bastille (reprise de la création 2007) démontre, s’il en est besoin, l’intemporalité de ce mythe shakespearien. 

L'amour à mort. Aurélie Dupont est une Juliette sensible, spontanée, presqu’enfantine au début du ballet à la mise en scène plus théâtrale que d’ordinaire. Comme murie par l’union des corps et le désespoir d’une impossible réconciliation entre les Montaigu et les Capulet, elle danse ensuite avec une maturité empreinte d'une sensualité et d’une force bouleversantes. Roméo, incarné par Hervé Moreau, autre étoile moins connue du grand public, captive tout autant par son mélange d’élégance et de puissance. Son solo, dansé dans le silence, sans musique, ouvre une brèche dans le ballet, créé sur la symphonie dramatique de Berlioz. Un moment de grâce qui revient à l’essentiel de la danse et de l’émotion.

Contemporaine sans être ultra moderne, la chorégraphie de Sasha Waltz s’attache plus, selon ses propres termes, à traduire l’humanité des personnages que le romantisme de l’histoire. C’est perceptible. Le spectacle est aussi formidablement scénographié par un décor stylisé, où une paroi s’élève pour exprimer la séparation des corps et des âmes. Projeté en direct dans les cinémas Pathé le 15 mai – une initiative récurrente de l’Opéra de Paris qui mérite d’être saluée – le Roméo et Juliette de Sasha Waltz est programmé jusqu’au 20 mai à la Bastille. Je sais, c’est court. Mais il faut savoir saisir sa chance !

- Roméo et Juliette, chorégraphie de Sasha Waltz est interprété par le Ballet de l'Opéra national de Paris. Réservations et infos :  www.operadeparis.fr