"Il est aujourd’hui nécessaire pour moi de revenir à l’essentiel : le mime. Le geste avant la parole. (…) Suggérer plutôt que montrer. Laisser libre cours à l’imaginaire du spectateur". Voici l’intention de Patrice Thibaud auteur, metteur en scène et interprète de l’inénarrable Cocorico, où la musique de Philippe Leygnac accompagne le langage du corps. Et ce corps nous en raconte des histoires ! Patrice Thibaud se transforme, se contorsionne, se déforme. Il donne à voir une ribambelle de personnages hilarants : canard amoureux, lion de cirque flemmard, majorette empotée... Droit comme un « i », Philippe le pianiste-virtuose, sorte de torero décharné, ne se départit pas de son air grincheux. Il jongle avec les notes et les agite telle une muleta, face à la bête protéiforme.
Accord parfait. Le duo qui s’est rencontré dans la troupe des Deschamps (ah oui !) nous entraine dans son univers clownesque et délirant, pas loin de Keaton, Chaplin ou parfois Louis de Funès. Mais un Louis de Funès les deux doigts dans la prise, total disjoncté. Dès la première scène - car on ne peut parler de sketch, tant les enchaînements sont fluides -, le public hurle de rire. Et jamais il ne perd le fil d’une pantomime qui n’a pas besoin des mots pour être parlante. Du grand art.
- Cocorico. Jusqu'au 28 juin, du mardi au vendredi à 21h et le dimanche à 15h30 - Théâtre du Rond-Point - Paris, 8e - www.theatredurondpoint.fr