12/09/2013

Expo. Les dessous, c’est de la mécanique !

(De gauche à droite) Corps à baleines 1770-1780, Tournure cage 1872, Guepière Lejaby 1951-52. Photos Patricia Canino.
Intrigante, rigolote, intéressante… Les Arts décoratifs proposent une expo comme je les aime. Scénarisée au petit poil (ambiance tamisée théâtralisant les objets ; parcours chronologique s’autorisant les accidents ;  explications précises),  La Mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette séduit celles et ceux qui ont une furieuse envie de savoir ce qui se dissimule sous les jupes et les culottes des élégants d’hier (depuis le Moyen Âge, tout de même) à aujourd’hui. Inutile toutefois d’espérer se rincer l’œil. Il est ici plus question de technique que de chair.

Feu d’artifices. Postiches soulignant la virilité des nobles des XIV et XVIe siècles qui bombent le torse et l’entrejambe (!), cerceaux de fer ou de rotin, paniers,  crinolines et faux-culs déplaçant le volume des jupes des hanches au popotin, pour accentuer la finesse des tailles corsetées jusqu’à l’asphyxie… Ces instruments montrent l’évolution de la perception d’une silhouette idéale, au fil du temps. D’une actualité parfois étonnante, tels ces corsets XVIIIe qu’on croirait sortis de l’atelier de Jean-Paul Gaultier, ou d’une esthétique douteuse comme ces affreux rembourrages de manches ballons, ces outils peuvent aussi être vaguement effrayants. Harnacher les nourrissons de corsets, sensés maintenir leurs corps droits pour inciter leurs âmes à le devenir, cela s’appelle de la maltraitance, non ?

Thierry Mugler s'inspire des dessous d'hier
Collection printemps-été 1992. Photo Guy Marineau.
Mieux vaut en rire. Le parcours suscite aussi quelques fous rires "vintage". Notamment en visionnant, entre autres extraits de films d’époque, le mémorable strip-tease d’Alice Sapritch dans La folie des grandeurs ou les pubs kitchissimes des années 1960-70 pour des gaines et des slips kangourous pas franchement sexy.
Suivent des travaux pratiques d’essayage de cerceaux, corsets et autres push-up pigeonnants (non, vous ne verrez pas les photos !). Aperçu croquignolet de ce que subissaient les femmes, en ces temps où la libération des corps était un concept assez flou.



La Mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette. Du 5 juillet jusqu’au 24 novembre. Musée des arts décoratifs Paris 1e. www.lesartsdecoratifs.fr