Franck Gehry, architecte de la fondation Louis Vuitton, s'empare de Paris. |
Je ne sais pourquoi les réalisations de l’architecte et urbaniste Franck Gehry m’évoquent l’affiche du Château dans le ciel d’Hayao Miyazaki. Peut-être est-ce l’influence asiatique ou la dimension organique d’un langage conceptuel qui donne vie à l’objet ? Un Big-bang architectural révélé à la face du monde en 1997 par le musée Guggenheim de Bilbao. Ce chef-d’oeuvre iconoclaste a engendré depuis lors une nouvelle espèce de recherche architecturale, en constante évolution. Une évolution en mode accéléré, grâce aux technologies du numérique les plus sophistiquées dont le maître s’est emparé dès les années 90 pour développer sa plate-forme de production.
Il était une fois Franck Gehry. Cette première rétrospective du Centre Pompidou met en lumière les obsessions et les remises en question de l'artiste tout au long de sa (déjà) longue vie. Des débuts à Santa Monica, Californie, où Gehry crée son agence en 1962 puis réalise l’extension de sa maison - véritable manifeste de ses parti-pris architecturaux - à la sublime fondation Louis Vuitton, inaugurée le 24 octobre dernier. On y découvre un créateur plus proche au départ des plasticiens pop art de L.A que de ses confrères. Une sorte d’anar de l’archi qui en remit en cause les conventions toute son existence. Pour humaniser la discipline et faire en sorte que ses œuvres s’intègrent dans l’environnement, voire lui soient utiles. L’exemple le plus parlant étant, une fois encore, le musée Guggenheim qui réactiva le tissu économique de tout un territoire.
Grandes étapes d'une rétrospective. Beaubourg présente une sélection pléthorique de dessins originaux de Franck Gehry et les maquettes de près de soixante de ses projets les plus dingues, dont certains n’ont jamais vu le jour. Etayée d’interviews et de nombreuses vidéos, placées en miroir des maquettes, cette expo monographique s'articule autour de six pôles qui illustrent d’une façon claire et lisible le cheminement d’un génie. Un octogénaire (né en 1929) à la créativité toujours bouillonnante, dont les idées donnent souvent des sueurs froides aux constructeurs. Passionnant.
- Exposition Franck Gehry, jusqu’au 26 janvier 2015 au Centre Pompidou, Paris 4e. www.centrepompidou.fr