30/10/2014

La Tsigane de Lord Stanley, spectacle humaniste et déjanté

Les personnages hauts en couleurs de La Tsigane de Lord Stanley. Photo Olivia Fremeau.

Tamèrantong, la troupe.  "Tamèrantong, ton père en short"… C’est le refrain qu’entonnent à la fin d’un spectacle jubilatoire l’ensemble de la Compagnie Tamèrantong. Compagnie, créée en 1992 par Christine Pellicane, qui réunit autour d’elle une fine équipe technique et pédagogique pour monter des spectacles avec des enfants des quartiers populaires. Christine, elle a le feu sacré.

L’histoire, 100% d’actu. "Nous sommes en 2013 après Jésus-Christ, toute la Gaule est occupée par les envahisseurs, des migrants pauvres sans toit ni loi… Toute ? Non ! Un village d’irréductibles Gaulois résiste encore aux hordes vandales ! ». Vous l’aurez compris, La Tsigane de Lord Stanley, inspirée d’un conte de Jean Portail sur la Camargue et les Gitans et des écrits d’Alexandre Romanès, créateur du cirque éponyme et poète, dénonce le racisme ordinaire tellement en vogue. Les bohémiens de la pièce sont nos exclus : roms, boat-people, sans papiers… Le spectacle, joyeusement militant, se réclame d'une contre-offensive artistique et citoyenne. Pour montrer la richesse d’une société multiethnique, où les cultures se mélangent. A côté de cela, La Tsigane est aussi une parabole bouillonnante de trouvailles et d’une spontanéité que seuls les enfants sont capables de réinventer chaque soir.

Comédiens en herbe. Ils sont 24, âgés de 7 à 15 ans, venus de la Plaine-Saint-Denis (93). Des enfants spontanés donc, rieurs, acrobates pour certains. Des acteurs ultra pros aussi - pas question d’improviser, tout est réglé à la baguette - qui s’amusent et nous donnent envie de les rejoindre sur scène. S’ils sont tous excellents, certains ont cette capacité à assumer jusqu’au bout leur personnage, sympathique ou pas, qui révèle une nature. Je craque pour une brunette, sorte de Madame Michu à béret, franchouillarde et xénophobe à souhait, qui compose un personnage à pleurer… de rire.

Scéno, musique et danses tsiganes. Le spectacle est un bonheur visuel dont on se remplit les yeux et l’âme. Les tableaux vivants, pétaradants et colorés -  scénarisés à grand renfort de costumes bout d’ficelles flamboyants  - créent un univers féérique où Kusturika rencontrerait Chagall. Une beauté insolite encore rehaussée par les chorégraphies toniques d'un duo de danseurs marseillais et les mélodies tsiganes de la Compagnie Mohein. Des Bordelais qui ont composé une musique festive et inventé une reprise farfelue de l’hymne rom hongrois. Tamèrantong c’est la joie de vivre, de s’indigner, de créer ensemble. Une belle énergie punk !

Tamèrantong au grand complet. Photo Olivia Fremeau.

- Représentations de La Tsigane de Lord Stanley, les 16 et 17 novembre - à 16h et 14h - Maison des Métallos. 94, rue Jean-Pierre Timbaud Paris 11e. www.maisondesmetallos.org

Un avant goût du spectacle ?

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