27/09/2012

Le Porteur d'histoire, un OVNI théâtral

Le voyage mouvementé du Porteur d'histoire. Photo A. Guerrero
C’est une pièce dans laquelle on tombe comme dans un livre, jusqu’à en oublier tout le reste : le quotidien, ses soucis, l’haleine de son voisin...

Lorsque s’ouvre la boîte de Pandore, l’histoire ou plutôt les histoires d’Alexis Michalik  - jeune auteur et metteur en scène au talent homérique – s’enchevêtrent et tissent le fil d’un récit en forme de tapis volant. Il y est question de faits divers, de société secrète, de trésor, de quête de justice et surtout de ces vérités cachées que révèlent les romans à qui sait lire entre les lignes. Une fois embarqués, vous décollerez pour un voyage dans le temps et à travers les continents, sans jamais toucher terre. Et comme je l’ai été, vous serez touchés par l’infinie grâce des comédiens qui endossent les costumes et la personnalité d’une myriade de personnages fictionnels ou historiques : Martin Martin, Alexandre Dumas, Marie-Antoinette, le prince de Polignac et une mystérieuse Adélaïde au fabuleux destin...

Entre conte joué ou pièce narrative, Le Porteur d’histoire est un véritable OVNI théâtral qui nous fait vivre mille et une aventures, sans autres effets spéciaux que l’imagination et l’écriture débridées d’un auteur et le talent de cinq acteurs impressionnants de présence. Haletant.
- Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik avec Amaury de Crayencour, Evelyne El Garby Klai, Magali Genou, Eric Herson-Macarel et Régis Vallée.

- Reprise le 20 septembre jusqu'au 31 décembre au Studio des Champs-Elysées (Paris,8e). 

20/09/2012

Pourquoi faut-il voir vous n'avez encore rien vu ?


L’amour du théâtre. Comme souvent dans les films de Resnais, on retrouve une théâtralité, dictée ici par l’histoire : Antoine d’Anthac, auteur dramatique fraîchement suicidé, invite post mortem ses amis comédiens ayant interprété sa pièce Eurydice à visionner la captation d’une reprise qu’en a faite la  compagnie de La Colombe. A eux d’autoriser, ou pas, la jeune troupe à se produire. Envahis par leurs souvenirs, les acteurs se mettent à jouer ensemble pendant la projection… 
La mise en abyme du théâtre dans le cinéma, l’unité de lieu, la musicalité des dialogues et le décor où les artifices sont assumés nous plongent dans une atmosphère irréelle. Plus que jamais, Alain Resnais « invite les acteurs à s’éloigner d’un réalisme du quotidien pour se rapprocher d’un jeu décalé ». Ça fonctionne et c’est jouissif !

L’hommage aux acteurs. Lors d’une interview, Pierre Arditi me confia que Resnais extirpait de lui des choses dont il ignorait être capable. Cette capacité bienveillante du réalisateur à pousser ses comédiens dans leurs retranchements transpire dans son nouveau long métrage. Ses couples d’Orphée et d’Eurydice (Pierre Arditi et Sabine Azéma, Lambert Wilson et Anne Consigny et deux jeunes premiers extraordinaires de spontanéité : Sylvain Dieuaide et Vimala Pons) se lâchent avec un plaisir perceptible. Sur une même partition, ils offrent la démonstration de ce que l’intelligence d’un acteur apporte au rôle.

Les surprises. A côté de ses partenaires fétiches, les nouveaux invités d'Alain Resnais sont autant de trouvailles. Si Denis Podalydès ou Michel Robin semblent prédestinés à jouer dans ses films, d’autres choix étonnent. C’est le cas d’Hippolyte Girardot souvent catalogué acteur réaliste. Délicieusement pervers, il est une des pépites de ce film à double-fond qui m’a envoûtée.


Vous n’avez encore rien vu de Alain Resnais. En DVD depuis le 29 janvier 2013. L’Eurydice de la compagnie de La Colombe est filmé par Bruno Podalydès.

13/09/2012

Exposition. Bienvenue en belgitude !

540 jours durant, la Belgique n'eut pas de gouvernement. Illustration Pierre Kroll

Le trait de Pierre Kroll - dessinateur attitré du quotidien wallon Le Soir notamment - est une quintessence de ce que j’aime dans l’esprit belge. Un mélange de décontraction, de décalage qui frise le surréalisme et d’humour teinté d’autodérision, véritable antidote au narcissisme. Un Belge qui se prend au sérieux, c’est surement un Français qui a pris l’accent. Ne vous vexez pas, je plaisante. Quoique…
Jubilatoire. Programmé jusqu’au 30 septembre, « Le roi et son bouffon » - le roi c’est Albert II, le bouffon Pierre Kroll - donne à voir une série de caricatures qui sont autant de réponses à une même question : que fait le roi des Belges ? Ou si vous préférez, à quoi sert-il ? Insolent sans être vulgaire, Pierre Kroll y croque son monarque vêtu le plus souvent d’un pyjama et de charentaises – dans les châteaux, il fait un froid de canard -  ou bien d’un bermuda à fleurs et de tongs. Albert déteste le froid et passe nettement plus de temps dans sa propriété de Châteauneuf-Grasse (en Provence) qu’en Belgique.


Illustration Pierre Kroll
Libre expression. Saisi sur le vif, façon de parler, le roi est généralement assis devant sa télé. Très occupé à ne rien faire, il respecte à la lettre l’étiquette imposant qu’il s’exprime uniquement à Noël et le 21 juillet, pour la fête nationale belge. D’où l’idée de le représenter avec une coiffe à plumes de chef indien, l’expression consacrée étant qu’il sort alors de sa réserve. Derrière la légèreté affichée pointe le « rire de résistance » cher à Jean-Michel Ribes. Et Pierre Kroll d’endosser le rôle du fou, qui sous couvert d’amuser le roi, « fera passer pour plus innocente qu’elle ne l’est une moquerie acerbe, une critique pointue sans qu’elle soit censurée ». Et toc.




- «  Le roi et son bouffon » caricatures de Pierre Kroll  - jusqu'au 30 septembre au Centre de Wallonie Bruxelles  - 127-129 rue Saint Martin, Paris 4e. 



06/09/2012

Séjour d'exception. Luxe, calme et volupté à Lama


Certains lieux donnent l’envie presque charnelle de se fondre dans le décor. Fouler le sol de ses pieds nus, s’érafler les mains sur les roches, s’imprégner des odeurs… Lama, petit village corse perché sur un éperon rocheux de la région de l’Ostriconi, au nord de la Balagne, me fait cet effet. L’habitat y est un mélange harmonieux de demeures d’inspiration toscane bâties au XIXe par de riches familles italiennes et de maisons médiévales blotties les unes contre les autres le long de ruelles pavées escarpées où se succèdent les passages voûtés.

Coup de foudre. La découverte cet été de Case Latine, sublime hôtel au design contemporain, composé de suites installées dans des « cases » individuelles en pierre du pays, n’a fait qu’aggraver ma fixation. Car le lieu est inoubliable. Les matériaux de déco sont nobles mais jamais ostentatoires et les piscines à débordement surplombent un panorama tout simplement saisissant. A l’est, le massif montagneux de l’Asco, et à l’ouest, le village puis les rives de la Méditerranée (ne manquez pas la plage de l'Ostriconi, à quinze minutes du village en voiture). Tant de beauté repose l’âme.


Si toutefois le prix élevé de l’établissement vous rebute, vous pouvez aussi opter pour un des nombreux gîtes éco labellisés du village. Ils sont tous répertoriés par l’Office de tourisme.


A voir, à faire. Hormis le festival européen du cinéma et du monde rural qui se déroule chaque année sur une semaine fin juillet - le premier soir, les villageois et leurs hôtes sont invités à un apéro fort sympathique sur la place de l’église - et quelques jolies randos, dont celle qui conduit au village voisin d’Urtaca, ne vous attendez pas à une animation trépidante. Lama est avant tout un endroit idyllique pour se ressourcer, en se remplissant les yeux des magnificences de cette bonne vieille terre. Et ça, c’est gratuit !

En savoir plus sur l’hôtel. www.caselatine.com