A PROPOS DE CAROLINE DE LA PORTE
20/09/2012
Pourquoi faut-il voir vous n'avez encore rien vu ?
L’amour du théâtre. Comme souvent dans les films de Resnais, on retrouve une théâtralité, dictée ici par l’histoire : Antoine d’Anthac, auteur dramatique fraîchement suicidé, invite post mortem ses amis comédiens ayant interprété sa pièce Eurydice à visionner la captation d’une reprise qu’en a faite la compagnie de La Colombe. A eux d’autoriser, ou pas, la jeune troupe à se produire. Envahis par leurs souvenirs, les acteurs se mettent à jouer ensemble pendant la projection…
La mise en abyme du théâtre dans le cinéma, l’unité de lieu, la musicalité des dialogues et le décor où les artifices sont assumés nous plongent dans une atmosphère irréelle. Plus que jamais, Alain Resnais « invite les acteurs à s’éloigner d’un réalisme du quotidien pour se rapprocher d’un jeu décalé ». Ça fonctionne et c’est jouissif !
L’hommage aux acteurs. Lors d’une interview, Pierre Arditi me confia que Resnais extirpait de lui des choses dont il ignorait être capable. Cette capacité bienveillante du réalisateur à pousser ses comédiens dans leurs retranchements transpire dans son nouveau long métrage. Ses couples d’Orphée et d’Eurydice (Pierre Arditi et Sabine Azéma, Lambert Wilson et Anne Consigny et deux jeunes premiers extraordinaires de spontanéité : Sylvain Dieuaide et Vimala Pons) se lâchent avec un plaisir perceptible. Sur une même partition, ils offrent la démonstration de ce que l’intelligence d’un acteur apporte au rôle.
Les surprises. A côté de ses partenaires fétiches, les nouveaux invités d'Alain Resnais sont autant de trouvailles. Si Denis Podalydès ou Michel Robin semblent prédestinés à jouer dans ses films, d’autres choix étonnent. C’est le cas d’Hippolyte Girardot souvent catalogué acteur réaliste. Délicieusement pervers, il est une des pépites de ce film à double-fond qui m’a envoûtée.
- Vous n’avez encore rien vu de Alain Resnais. En DVD depuis le 29 janvier 2013. L’Eurydice de la compagnie de La Colombe est filmé par Bruno Podalydès.