21/02/2013

Théâtre. Jacques Gamblin, du rire aux larmes...


Bastien Lefèvre, Claire Tran et Jacques Gamblin. Photo Giovanni Cittadini Cesi


Un seul être vous manque. Du bout des doigts, longtemps, l'homme a tracé des lignes imaginaires sur le corps de celle qu’il aime, si bien qu’elle en est devenue « indélébile ». Mais elle est partie. Maintenant, il voudrait déglutir ce trop plein d’elle qui l'étouffe jusqu'à l’écoeurement, tant son absence le hante…
Jacques Gamblin parle comme personne des peines d’amour qui nous laissent le cœur gros et des souvenirs dérisoires. Tel ce cheveu pris dans un mouton de poussière qui s’obstine à trainer dans les coins : « Je me demande si on peut tricoter un cache-cœur avec de la laine de mouton de poussière ? » s’interroge l’acteur et auteur, entre clown triste et poète givré.

Cocasse, imprévisible, parfois très drôle, comme cette girafe qui fait un nœud avec son cou et montre son c.. aux mâles, pensant ainsi les punir, Tout est normal mon coeur scintille est une pièce à voir, ou revoir (elle fut créée en 2010). Un spectacle inclassable où Gamblin exprime avec ses mots, tout autant qu’avec son corps, la nostalgie des étreintes passées. A ses côtés, Claire Tran et Bastien Lefèvre dansent les amants magnifiques. Ils se frôlent, s’enlacent, se perdent. Et ajoutent de la grace à cette parenthèse enchantée d’une heure et demie, seulement ! Bref (trop donc), voici un des plus beaux moments de théâtre qu’il m’ait été donné de vivre - puis revivre - ces dernières années. Et je me suis promis que cette deuxième fois ne serait pas la dernière. Qui sait, peut-être parviendrai-je ainsi à connaître le texte  « par cœur » ? En espérant qu’à force, et par une sorte de contagion, le mien aussi se mette à scintiller.

- Tout est normal mon coeur scintille. A 18h30, jusqu’au 3 mars. Théâtre du Rond-Point Paris, 8e. www.theatredurondpoint.fr