Tentée par l’expérience, je suis entrée dans un André local essayer une paire d’escarpins aux talons aiguilles de 15 cm. Les quelques pas que je fis dans le magasin eurent raison de ma détermination. La perspective de sortir dans la rue ainsi chaussée me semblait tout à coup aussi dingue que de sauter à l’élastique de la Tour Eiffel.
Etonnée que les Russes s’imposent chaque jour un tel challenge, j’ai alors cherché à comprendre. Et interrogé Frédéric Godart, professeur à l’Insead et auteur de Sociologie de la mode (éditions La Découverte). Selon lui, cette hyperbolisation des attributs de la mode trahit la conception russe actuelle
de la féminité, où la notion de séduction est centrale. Et les talons ? "Ils permettent de se grandir face aux hommes. La taille étant l’un des principaux facteurs de domination, les jeunes femmes prennent ainsi symboliquement le pouvoir" explique t-il. Une chance : les soldes ne sont pas tout à fait terminées. A moi les Louboutin ! J’en connais un qui va faire moins le malin…